Des décisions attendues : l’annonce faite par J.-M. Blanquer, lors de la conférence de presse du 3 avril, de la suppression des épreuves terminales des examens du bac et du brevet est une décision exceptionnelle en réponse à une situation exceptionnelle.
Il s’agit en effet de garantir la sécurité et la santé des élèves comme des personnels, mais aussi d’apporter des éléments de cadrage tenant compte de toutes les hypothèses quant au déconfinement et à l’évolution de la crise sanitaire.
Cette décision permet par ailleurs de soulager les services administratifs sur la préparation technique des examens et de regagner éventuellement des semaines de cours en juin, pour compenser les semaines passées en confinement.
Le ministre a donc annoncé que « les examens sont maintenus, mais selon des modalités différentes » :
- Pour le brevet des collèges, seront prises en compte les notes des trois trimestre de 3e (hors période de confinement).
- Pour les BTS, les épreuves finales sont elles aussi annulées. Les notes déjà obtenues dans le cadre du CCF sont maintenues. Les épreuves de CCF qui devaient avoir lieu en mai, comme les épreuves finales, sont remplacées par une moyenne des notes de l’année. Un jury examinera les dossiers des étudiants pour délivrer le diplôme.
- L’ensemble des épreuves terminales du baccalauréat de la voie professionnelle est annulé, elles sont remplacées par la moyenne des notes trimestrielles.
- Les élèves des voies générale et technologique voient eux aussi les épreuves terminales annulées, à l’exception de l’oral de l’EAF qui devrait avoir lieu fin juin ou début juillet. En ce qui concerne les E3C, la deuxième session (dite E3C2) qui devait avoir lieu en mai et juin pour les élèves de première est annulée, les notes remplacées par les moyennes trimestrielles dans les disciplines concernées (LV, histoire géo, mathématiques ou enseignement scientifique, spécialité abandonnée).
Un recours au contrôle continu qui doit être exceptionnel : le SNES-FSU réaffirme que le contrôle continu est une pratique inégalitaire à laquelle une large majorité de la profession est opposée. Seule la situation sanitaire exceptionnelle dans laquelle se trouve le pays justifie la suppression des épreuves finales des examens. Le contrôle continu exacerbe les différences dans les pratiques d’évaluation des établissements et renforce l’« effet lycée ». La mise en place de jurys départementaux présidés par des inspecteurs est donc une nécessité absolue : elle garantit l’étude des dossiers et des appréciations, hors de l’établissement. De la même façon, l’organisation d’une session de rattrapage en septembre pour les élèves qui auraient obtenu moins de 8/20 peut permettre d’atténuer les effets inégalitaires du contrôle continu.
Des inquiétudes et des problèmes demeurent : Modifier ainsi les règles en cours de route ne peut se faire qu’au détriment des élèves et renforcent certaines inégalités. Il est problématique de parler de contrôle continu alors même que les évaluations et les notes prises en compte n’ont pas été présentées comme telles au moment où elles ont eu lieu. De plus, cela met en échec de nombreux élèves qui peuvent réussir l’examen mieux que le reste de leur année scolaire, notamment parce qu’ils accentuent leur travail à l’approche des épreuves.
L’annonce d’un examen délivré au contrôle continu peut apparaître, pour certains élèves, comme le signe qu’ils peuvent cesser de travailler. La prise en compte de l’assiduité et de la motivation ne sont pas des outils suffisants pour convaincre les adolescent de s’impliquer dans le travail jusqu’au 4 juillet.
Cela met en difficulté notamment les élèves les plus fragiles.
L’hypothèse d’une prise en compte des notes du troisième trimestre est problématique et renforce les inégalités entre les élèves qui ont réussi à suivre un enseignement à distance pendant le confinement et ceux qui, pour des raisons très diverses, ont décroché.
Elle sera de toute façon difficile à mettre en œuvre à cette période de l’année.
Enfin, le maintien des oraux de l’EAF interpelle vivement. Comment garantir la sécurité des élèves et des personnels dans le contexte actuel ? Imposer la maîtrise de 15 textes pour les élèves de la voie générale et 12 pour ceux de la voie technologique implique par ailleurs que les enseignants aient eu le temps d’analyser autant de textes avant le début du confinement.
Le maintien de ces oraux pas raisonnable.
Si, dans ses annonces, le ministre semble oublier l’opposition massive de la profession à ses réformes, le SNES-FSU continue de demander la remise à plat de la réforme du lycée et du bac. La première session d’E3C, chaotique, a bien montré les nombreux problèmes posés par le bac Blanquer. Maintenir, envers et contre tous, les notes de la première session des E3C et confirmer l’organisation d’une troisième session à la rentrée prochaine c’est encore et toujours refuser d’entendre la profession !
C’est inacceptable.
Article sur le Blog FR3 PACA : le bac 2020 en contrôle continu, pas une surprise pour le SNES FSU des Bouches-du-Rhône
Article sur le site du SNES national : Examens 2020 - situation exceptionnelle