Conformément aux annonces du ministère, l’Académie d’Aix-Marseille a diffusé sa « feuille de route RH ».
Nous avons toutes et tous pu ces derniers jours apprécier les talents de communication de notre ministère : conférence sur le Grenelle ouverte à tous un mercredi après-midi, vidéo pédagogique le soir -même et, dès le lendemain matin, courrier accompagnant la diffusion de la feuille de route RH d’Aix-Marseille. On admirera le talent des communicants qui n’hésitent pas à transformer en éléments de langage le vocabulaire militant, puisqu’il est question dans le discours du Ministre de « collectifs de travail », « bien-être professionnel » « intelligence collective », « reconnaissance », « revalorisation » ! On croit rêver…
Oui, on rêve, car la réalité est tout autre, comme le montrent les « feuilles de route RH » des différentes académies. Cette simple mention montre que l’on s’éloigne encore un peu plus d’une gestion nationale à la fois des personnels et des établissements, et que la gestion RH est une des pierres de l’édifice construit par ce ministère pour rapprocher l’école de l’entreprise.
La feuille de route RH d’Aix-Marseille n’est pas la plus redoutable, la participation des élus du SNES-FSU au groupe de travail où elle a été présentée a permis d’en limiter les effets négatifs, il n’en reste pas moins qu’elle répond à la commande ministérielle : il y est question de « culture commune du manager », de « réflexion autour du mangement dans un environnement en mouvement », de « digitaliser les process ». -on notera au passage que la novlangue entrepreneuriale choque moins que l’écriture inclusive -.
Certains éléments pourraient nous convenir s’ils n’étaient teintés d’une cruelle ironie : le travail des CHSCT sur les risques psycho-sociaux est mis en avant, alors même que ces instances, dont il est précisé que « composé[e]s de représentants des personnels et de représentants de l’autorité administrative, [elles] contribuent à la protection de la santé physique et mentale des personnels, à leur sécurité et à l’amélioration de leurs conditions de travail », disparaîtront dès 2022 dans le cadre de la Loi de Transformation de la Fonction Publique.
On appréciera aussi le volontarisme qui s’exprime à propos de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la formule « conduire une réflexion pour vous proposer un module de sensibilisation à l’égalité professionnelle », alors même que les inégalités salariales continuent de se creuser.
On lira enfin en creux dans cette feuille de route comment l’administration tente de pallier la quasi disparition des CAPA et la mise à l’écart des OS dans les opérations de carrière, en prenant à son compte -à moyens constants en termes de personnel- des réunions d’information sur des thématiques de carrière, en renforçant le rôle des gestionnaires ou des secrétaires d’établissement, ajoutant ainsi des missions RH aux tâches administratives de ces collègues.
Nous n’avions guère de doutes sur les objectifs du Grenelle, ses conclusions sont la preuve qu’une réorientation totale de la politique éducative est indispensable et qu’elle passe par une réelle prise en compte de la parole des personnels et de leurs représentant-e-s, en commençant par l’abrogation de la loi de Transformation de la Fonction Publique.