C’est en Lycée général et technologique que les problèmes se posent avec le plus d’acuité.
- Dans les séries générales
L’EMC doit se mettre en place sur les moyens de l’ECJS. Mais là où l’ECJS était réglementairement attribué aux seuls profs d’histoire-géo, de philo et de SES, l’EMC peut être enseigné par tous. Le texte incite fortement à l’interdisciplinarité et à la démarche de projet. Cependant il n’interdit en rien de maintenir l’attribution de ces heures aux disciplines qui assuraient l’ECJS. Fragiliser les services et dégrader la situation de certains collègues en créant des compléments de service simplement pour faire du neuf serait inacceptable.
Nous appelons dons à refuser toute organisation de l’EMC qui créerait des compléments de service.
- Dans les séries technologiques
Il n’y avait pas d’ECJS. Les annonces ayant été postérieures à l’arrivée des DGH dans les établissements, ceux-ci sont censés mettre en place l’EMC sur les moyens relevant de l’autonomie de l’établissement, soit les moyens destinés aux dédoublements. Or dans les séries technologiques comme ailleurs ces moyens sont déjà très insuffisants pour couvrir les besoins disciplinaires. Il faudrait donc prendre des moyens actuellement consacrés aux dédoublements pour mettre en place l’EMC à hauteur d’une heure hebdomadaire par classe.
A titre d’exemple, il serait inacceptable que l’heure de dédoublement généralement attribuée à la philosophie soit reprise pour assurer de l’EMC, que ce soit le professeur de philosophie ou non qui soit chargé de l’EMC.
Il n’y avait aucune urgence à mettre en place cet enseignement à la rentrée.
Nous demandons à ce que sa mise en place soit repoussée à la rentrée prochaine avec les moyens correspondants. En attendant nous invitons les collègues à ne pas s’engager dans des organisations bricolées qui tendraient à accréditer l’idée que l’EMC peut être mis en place sans moyens.
Dans un premier temps les remontées semblaient montrer que les chefs d’établissement, sans doute en accord avec les équipes, ne s’étaient pas bousculés pour la mise en place en série technologique sans moyens, et envisageaient le maintien de l’organisation de l’ECJS en série générale.
Cependant un courrier parvenu dans les établissements en juin semble avoir donné des idées à certains chefs d’établissements.
Ce courrier propose, pour la voie technologique ET pour la voie générale :
- l’annualisation de l’EMC
Si l’annualisation de certains dispositifs pour les élèves permet parfois de dégager une certaine souplesse (AP notamment), il ne saurait s’agir d’annualiser le service des collègues, dont l’emploi du temps doit rester strictement hebdomadaire.
- le paiement en HSE plutôt qu’en HP ou en HSA
Le courrier incite à ce mode de rémunération car il permet de faire intervenir plusieurs collègues en EMC au lieu de l’attribuer à un collègue particulier.
Cependant les HSE sont beaucoup moins intéressantes que les HSA financièrement. En outre cela signifie que ces heures se feraient en plus du service hebdomadaire régulier.
Dans les séries générales les moyens en HP ont été donnés dans les DGH pour assurer l’ECJS, il n’y a aucune raison de ne pas les utiliser pour l’EMC.
Dans la voie technologique cette proposition est une tentative pour compenser l’absence de moyens pour l’EMC. Il va de soi que les élèves de la voie technologique doivent bénéficier au même titre que ceux de la voie générale de cet enseignement. La situation antérieure en ECJS était inadmissible.
Cependant la mise en place d’un nouvel enseignement ne peut se faire à moyens constants : non seulement les établissements n’ont pas reçu de dotation en HP ou HSA pour l’EMC dans la DGH mais en outre le volant d’HSE n’a pas non plus été abondé. Les HSE éventuellement employées pour rémunérer l’EMC pourraient donc rémunérer autre chose. Ce n’est que déplacer le problème et la démonstration reste à faire que la mise en place de l’EMC soit prioritaire par rapport à d’autres dispositifs rémunérés en HSE
Nous appelons donc les collègues à refuser de s’investir dans ces enseignements en l’absence des moyens correspondants et à s’adresser au rectorat par la voie des CA pour que les DGH soient abondées en conséquence pour la rentrée 2016.
- l’idée que toutes les disciplines traitent dans leur programme respectif les items du programme d’EMC
Si l’idée que « tous les savoirs sont émancipateurs » n’appelle aucun commentaire particulier tant elle va de soi, en revanche il ne saurait être question que pour compenser encore l’absence de moyens dévolus à l’EMC dans la voie technologique, les collègues doivent enseigner l’EMC chacun dans sa discipline. Un tel choix ne pourrait relever que de l’affichage pour l’établissement, et ne conduirait qu’à dissoudre cet enseignement à rebours même de la logique affichée dans le décret.
En conséquence nous appelons les collègues à la plus grande vigilance syndicale à ce sujet
Les bonnes intentions et l’affichage ne peuvent tenir lieu de politique éducative. Si une vraie volonté politique existe dans la mise en œuvre de l’EMC elle doit se traduire par des moyens donnés aux établissements dans la voie technologique pour la rentrée 2016.
Des dispositifs mal ficelés, illisibles ou marginaux à cette rentrée, outre l’augmentation de la charge de travail des enseignants, auraient inévitablement pour conséquence de masquer la réalité des besoins pour mettre en place correctement cet enseignement à la rentrée 2016.
Nous sommes déjà intervenus solennellement en CTA à ce sujet lundi 30 juillet. Nous vous invitons à mener ce combat dans vos établissements et à nous faire remonter toutes les difficultés le plus tôt possible afin que nous puissions dresser un bilan et intervenir.
Caroline Chevé
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?pid_bo=32675