Une première réunion d’information concernant le pacte a eu lieu avec le ministère le mercredi 9 novembre : elle a confirmé la logique du « travailler plus pour gagner plus », autrement dit, le ministère veut aggraver l’épuisement des personnels ! Une réponse hors sujet et inacceptable. Le SNES-FSU dénonce cette logique du pacte et exige un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat de ces dernières années et une revalorisation sans contreparties.
Dans un contexte de dégradation inédite de nos conditions de travail, alors que les ruptures conventionnelles sont en hausse de manière significative, que la crise du recrutement s’amplifie et qu’une enquête de la DEPP confirme que le temps de travail moyen des enseignant es est de 43h/semaine, le ministre nous propose de rémunérer des missions supplémentaires (aide à la réussite des élèves, formation continue et participation aux actions de pilotage et de coordination). Nous ne voulons pas d’une rémunération de l’épuisement qui s’accompagne d’une déréglementation et d’une casse de notre statut, nous exigeons une amélioration de nos conditions de travail et une revalorisation sans contrepartie.
La première partie de la réunion a consisté en une présentation d’un bilan du recours aux heures supplémentaires (HSA, HSE) et aux IMP.
Sans surprise :
– le recours aux HSA augmente, notamment depuis la politique de suppressions de postes prétendument compensées par le recours aux heures supplémentaires et le décret de 2019 rendant impossible le refus de deux heures supplémentaires.
– les HSE restent une véritable boîte noire, notamment au niveau des établissement où il est bien difficile de savoir comment elles ont été utilisées.
Depuis plusieurs années, le ministère a développé des dispositifs qui renvoient le traitement des difficultés scolaires en dehors de la classe, payés en HSE (vacances apprenantes par exemple). C’est une forme d’externalisation qui tente surtout de masquer les effets des baisses de DGH et des réformes : à défaut de pouvoir traiter les difficultés scolaires dans la classe, leur traitement est externalisé, dans des dispositifs qui sont synonymes de travail supplémentaire.
– les IMP : le choix politique de 2015 a consisté à reconnaître l’engagement dans bon nombre de missions par des indemnités et non par de la décharge horaire, choix dénoncé par le SNES-FSU. Là encore, cela contribue à alourdir la charge de travail.
– des inégalités femmes-hommes criantes : les chiffres présentés par le ministère ont confirmé les analyses du Snes et de la FSU.
Le recours aux heures supplémentaires et aux indemnités est plus favorable aux hommes qu’aux femmes et aggrave les inégalités salariales de genre. Ainsi, si en moyenne 23,2 % des personnels bénéficient d’IMP, cette part est supérieure à la moyenne pour les hommes (25,9 %), et inférieure à la moyenne pour les femmes (à la rentrée 21,4 % des enseignantes ont touché des IMP). Pour les recours aux HSE, à la rentrée 2020, les hommes touchaient en moyenne 1358 euros d’HSE par an, les femmes 988 euros…
La logique du pacte étant de faire travailler plus les personnels, sur la base de missions supplémentaires rémunérées par des indemnités, il est désormais évident, pour qui en doutait encore, que la revalorisation promise par Pap Ndiaye sera une revalorisation masculine…
A ce stade des discussions, le ministère met l’accent sur le constat et lance quelques pistes de réflexion, sous forme d’interrogations. Les propositions seront faites en janvier et « il faudra aller vite ! » selon le cabinet du ministre.
En dehors de la liste à la Prévert qui s’enrichit à chaque déclaration présidentielle ou ministérielle (le suivi des élèves, les remplacements à l’interne, la surveillance de la pause méridienne, demander plutôt ces missions aux professeurs expérimentées car ils ont des « cours en réserve » (!), parfois contredites dès le lendemain, le ministère pose 3 pistes de réflexion :
- l’appui à la réussite des élèves et la continuité pédagogique,
- la formation continue des enseignants et leur développement professionnel,
- la reconnaissance de la participation des enseignants aux actions de pilotage et de coordination.
On retrouve là des vieilles lunes qui n’ont pourtant jamais fait la preuve de leur efficacité mais aussi des pistes qui visent à transformer en profondeur nos métiers :
- Le leurre pédagogique du remplacement à l’interne
Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de remplacement à l’interne, parfois aussi appelé remplacement de courte durée. Ils sont possibles, de manière non obligatoire, depuis 2014, mais très peu utilisés. Et pour cause : quel est l’intérêt pédagogique d’un remplacement de dernière minute : prendre une classe qu’on ne connaît pas en 24 ou 48h ? Il semble assez évident que ce n’est pas l’intérêt pédagogique qui guide cette réflexion, comme l’atteste une déclaration du ministre qui trouve préférable un cours au débotté plutôt qu’une heure de permanence ! - La formation pendant les vacances
Le ministère évoque aussi la possibilité de développer la formation continue hors temps d’enseignement. La formation pendant les vacances est déjà possible, mais le ministère n’en a jamais présenté un bilan. Alors, s’agit-il de renforcer quelque chose qui ne fonctionne pas ?! - Une logique managériale dangereuse
Enfin, que recouvre exactement la valorisation de l’implication dans le projet d’établissement ? Qui juge de cette implication ? Selon quels critères ? Un professeur qui travaille ses cours, ses évaluations, fait réussir ses élèves sans être impliqué dans le projet d’établissement ne devrait pas être mieux payé ?! Se dessine une forme de mise en concurrence qui met à mal le collectif de travail, dans une recherche de la performance individuelle, autant de concepts antinomiques avec la notion même de service public. Toutes ces logiques que nous dénoncions déjà avec les différentes expérimentations dans notre académie : les CLA, les POP et l’expérimentation Marseille en grand qui prépare l’ « école du future » voulue par Macron.
– crise de recrutement qui s’est traduite par la rentrée de la pénurie. Le SNES-FSU a ainsi montré qu’au 3 septembre, il manquait au moins un professeur dans 62 % des collèges et des lycées. Notons d’ailleurs qu’au 11 novembre, le ministère n’est toujours pas en mesure de proposer un bilan de la rentrée…
– augmentation des ruptures conventionnelles : 1 600 en 2021 contre 296 en 2020, pour 1 219 demandes selon le rapport annuel de la Fonction publique.
– enquêtes de la DEPP qui montrent la réalité du temps de travail des enseignants : ainsi dans une enquête d’octobre 2022, il apparaît que la moitié des professeurs travaille plus de 43h par semaine. Et les chiffres de l’observatoire du bien-être confirment l’état d’épuisement de la profession : à la question « Dans quelle mesure le sentiment d’épuisement s’applique-t-il à votre expérience professionnelle ? », avec une notation possible entre 1 (pas du tout) à 10 (tout à fait), les personnels interrogés arrivent à un score moyen de 6,8. La moitié des personnels attribue une note entre 8 et 10, et sont donc en état d’épuisement avancé !
De nombreuses questions restent en suspens : par exemple, le ministre a annoncé dans une de ses nombreuses sorties médiatiques qu’il visait un objectif de 15 % de professeurs dans le pacte en juin 2023. Comment a été calculé ce chiffre ? Sur la base de quelles missions ? Personne n’est en mesure d’y répondre !
Le SNES-FSU dénonce la logique du travailler plus pour travailler plus et exige
• Une augmentation des salaires sans contreparties pour toutes et tous : professeurs, CPE, PsyEN en début, milieux et fin de carrière
• Un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat et une revalorisation des carrières.
• Un mécanisme pérenne d’indexation des salaires sur les prix.
• Une augmentation des salaires des AED et des AESH, ainsi qu’un statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH.
Le SNES et la FSU poursuivent le travail d’information et de mobilisation sur ce sujet. Pour poursuivre et renforcer ces mobilisations, renforcer nos idées : votez pour la FSU aux élections professionnelles ! Le SNES et la FSU portent des revendications claires pour nos salaires : voter FSU, c’est envoyer un signal fort au ministère et au gouvernement. Voter, c’est poursuivre la mobilisation pour nos salaires et nos métiers.
Chaque voix qui se portera sur la FSU donnera de la force à notre projet : des personnels revalorisés, confortés et respectés dans une École émancipatrice.
Chaque voix va compter, votre voix va compter : une FSU largement en tête, c’est l’assurance de pouvoir s’asseoir face au ministre avec l’appui de dizaines de milliers de collègues, donnant ainsi corps à notre capacité à rassembler, peser et gagner pour nos salaires, nos métiers.
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