La rentrée des vacances d’automne devait voir se déployer un protocole « renforcé » dans les écoles, collèges et lycées. En dehors du masque obligatoire pour les enfants de plus de 6 ans, les personnels et les familles ont très vite compris le grand écart entre la théorie et la réalité du terrain.
La FSU a déjà soulevé lors du CHSCT Académique extraordinaire qui s’est tenu jeudi dernier, les raisons qui rendent le protocole inapplicable dans bon nombre d’établissements : le personnel en nombre insuffisant pour assurer le nettoyage et la désinfection attendus, l’impossibilité souvent de limiter le brassage en raison du trop grand nombre d’élèves, en particulier sur les temps de cantine ou lors des répartitions imposées par manque de remplaçant-es dans le 1er degré.
La FSU avait aussi exprimé l’incompréhension des personnels face aux incohérences, face à l’impréparation dans la gestion de cette « 2e vague ». Nous y reviendrons à nouveau au cours de cette séance mais nous tenons à redire en préalable que pour la FSU, il est essentiel de créer les conditions qui permettront aux élèves de rester à l’école et ce, le plus longtemps possible. C’est pour cette raison même que les personnels doivent être protégés afin qu’ils puissent résister au virus, à la fatigue, au stress, afin qu’ils puissent tout simplement « tenir ». Ces jours-ci notre ministère communique largement sur le nombre très faible d’élèves et personnels contaminés, en contradiction totale avec les chiffres de Santé Publique France. Dans le même temps, alors que pour ce même ministère « tout va bien », on autorise le passage aux demi-groupes et on déploie une campagne massive de tests dans les établissements : quand l’incohérence atteint des sommets ! Au demeurant, les infirmières scolaires sont actuellement débordées par la gestion de l’épidémie qui s’ajoute à leurs tâches habituelles. Nous sommes favorables à une campagne massive de dépistage mais pour que ce ne soit pas qu’un nouveau « coup de com’ » du ministère, il lui faudra du renfort.
Dans ce contexte, la FSU attire votre attention sur l’état d’épuisement des personnels et nous vous demandons de tout mettre en œuvre pour empêcher voire réduire les impacts sur la santé des personnels. En effet, il faut non seulement protéger les personnels du risque lié à l’épidémie elle-même, mais aussi des conséquences qui découlent des modifications de l’organisation du travail. Ainsi, lorsque le protocole national indique pour le second degré « 1 classe = 1 salle », cette mesure a des conséquences multiples sur tous les personnels : dégradation du climat scolaire, craintes de voir sa responsabilité personnelle et professionnelle engagée, fatigue physique, surmenage, aggravation de problèmes de santé préexistants, en particulier chez les personnels bénéficiant d’un aménagement de poste. Lorsqu’on rend obligatoire le masque pour les enfants de moins de 11 ans, cette mesure a des conséquences sur les relations avec les usagers : nous constatons des tensions très vives qui se multiplient et qui ont dores et déjà un impact en matière de risques psychosociaux notamment auprès des directeurs-trices d’écoles. Lorsqu’on rend obligatoire le port du masque pour enseigner, les cordes vocales souffrent et peuvent être durablement abîmées. Lorsqu’on met en place une alternance présentiel/distantiel, on crée le risque de voir s’accroître la charge de travail, notamment si les corps d’inspection, les chefs d’établissements saisissent cette occasion pour se lancer dans toutes sortes d’expérimentation sans aucune concertation avec les équipes enseignantes. Le simple fait que le courrier de la DGESCO sur la nouvelle organisation des lycées face à la situation sanitaire n’ait pas été adressé aux enseignants alors qu’il énumère des « principes applicables à la continuité pédagogique » en dit long sur le peu de cas que le ministère semble faire des équipes pédagogiques. Les principes annoncés sont souvent synonymes de contrôle (des évaluations et de la pédagogie), de surcharge de travail ; les formulations vont être source dans chaque lycée d’acceptations différentes et donc de débats, de tensions. Nous avons tous mieux à faire en ce moment !
Depuis le 2 novembre, dans de nombreux collèges et lycées, les équipes ont travaillé à la mise en place de la réduction de leurs effectifs. Sous la pression, le ministre a concédé que cela pouvait être réalisé dans les lycées. Nous avons vu mardi à travers la grève sanitaire nationale que les collèges et écoles avaient fortement exprimé leurs attentes aussi en la matière. Mais ne nous trompons, cette grève ne portait pas seulement sur la question des effectifs mais sur un ensemble de mesures qui devraient être au cœur d’une politique de prévention digne de ce nom : recruter des personnels supplémentaires, de vie scolaire notamment mais aussi d’agents territoriaux (pour assurer un nettoyage et une désinfection des salles), réaménager les programmes scolaires et établir un nouveau calendrier du bac, suspendre le jour de carence, fournir des masques aux élèves, en priorité aux publics des établissements REP et REP+, fournir une protection renforcée pour les AESH et pour tous les personnels en contact rapproché avec du public.
Il est question de l’annonce ce soir d’une fermeture des lycées. Si cette rumeur s’avérait exacte, une fois de plus rien n’aura été anticipé sérieusement. Dans son refus entêté d’engager toute discussion sur la mise en place d’une continuité pédagogique prévoyant une diminution des effectifs dès septembre dans les zones rouges, le ministre porterait une responsabilité lourde.
Cette déclaration tendrait à faire oublier que l’actualité de notre CHSCT ne tournerait qu’autour du COVID-19. Même si cette situation sanitaire nous occupe en effet largement, nous verrons au cours de cette séance qui se penchera sur la question des suicides à quel point il est urgent de mobiliser nos forces pour la prévention des RPS et l’amélioration des conditions de travail.